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<p>Les députés ont, sans surprise, adopté à une large majorité (438 contre 86 et 42 abstentions) le projet de loi sur le renseignement défendu par le gouvernement lors dun vote solennel, mardi&nbsp;5&nbsp;mai. Il sera désormais examiné par le Sénat, puis le Conseil constitutionnel, prochainement saisi par 75 députés. Dans un souci d'apaisement, François Hollande avait annoncé par avance qu'il saisirait les Sages.</p>
<p><strong>Revivez <a href="http://fakehost/pixels/live/2015/05/05/suivez-le-vote-de-la-loi-renseignement-en-direct_4628012_4408996.html">le direct du vote à lAssemblée avec vos questions.</a></strong></p>
<p>Ont voté contre : 10 députés socialistes (sur 288), 35 UMP (sur 198), 11 écologistes (sur 18), 11 UDI (sur 30), 12 députés Front de gauche (sur 15) et 7 non-inscrits (sur 9). <a href="http://www2.assemblee-nationale.fr/scrutins/detail/%28legislature%29/14/%28num%29/1109">Le détail est disponible sur le site de l'Assemblée nationale.</a></p>
<p>Parmi les députés ayan voté contre figurent notamment des opposants de la première heure, comme l'UMP Laure de la Raudière ou l'écologiste Sergio Coronado, mais aussi quelques poids lourds de l'opposition comme Patrick Devedjian ou Claude Goasguen. A gauche, on trouve parmi les quelque opposants au texte Aurélie Filipetti. Christian Paul, qui avait été très actif lors d'autres débats sur les libertés numériques, s'est abstenu.</p>
<p>Pouria Amirshahi, député socialiste des Français de l'étranger qui a également voté contre, a annoncé qu'il transmettrait un «&nbsp;mémorandum argumenté » au Conseil constitutionnel et demanderait à se faire auditionner sur le projet de loi. D'autres députés ont prévu de faire la même démarche.</p>
<p>Ce texte, fortement décrié par la société civile pour son manque de contre-pouvoir et le caractère intrusif des techniques quil autorise, entend donner un cadre aux pratiques des services de renseignement, rendant légales certaines pratiques qui, jusquà présent, ne létaient pas.</p>
<p><u>Retour sur ses principales dispositions, après son passage en commission des lois et après le débat en séance publique.</u></p>
<h2>Définition des objectifs des services</h2>
<p>Le projet de loi énonce les domaines que peuvent invoquer les services pour justifier leur surveillance. Il sagit notamment, de manière attendue, de <em>«&nbsp;lindépendance nationale, de lintégrité du territoire et de la défense nationale&nbsp;»</em> et de<em> «&nbsp;la prévention du terrorisme&nbsp;»,</em> mais également des <em>«&nbsp;intérêts majeurs de la politique étrangère&nbsp;»,</em> ainsi que de la <em>«&nbsp;prévention des atteintes à la forme républicaine des institutions&nbsp;»</em> et de <em>«&nbsp;la criminalité et de la délinquance organisées&nbsp;»</em>. Des formulations parfois larges qui inquiètent les opposants au texte qui craignent quelles puissent permettre de surveiller des activistes ou des manifestants.</p>
<h2>La Commission de contrôle</h2>
<p>Le contrôle de cette surveillance sera confié à une nouvelle autorité administrative indépendante, la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR), composée de six magistrats du Conseil dEtat et de la Cour de cassation, de trois députés et trois sénateurs de la majorité et de lopposition, et dun expert technique. Elle remplacera lactuelle Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS).</p>
<p>Elle délivrera son avis, sauf cas durgence, avant toute opération de surveillance ciblée. Deux types urgences sont prévus par la loi&nbsp;: dun côté une <em>«&nbsp;urgence absolue&nbsp;»</em>, pour laquelle un agent pourra se passer de lavis de la CNCTR mais pas de lautorisation du premier ministre. De lautre, une urgence opérationnelle extrêmement limitée, notamment en termes de techniques, à linitiative du chef du service de renseignement, qui se passe de lavis de la CNCTR. Ces cas durgence ne justifieront pas lintrusion dun domicile ni la surveillance dun journaliste, un parlementaire ou un avocat. Dans ces cas, la procédure classique devra sappliquer.</p>
<p>Lavis de la CNCTR ne sera pas contraignant, mais cette commission pourra saisir le Conseil dEtat si elle estime que la loi nest pas respectée et elle disposera de pouvoirs denquête. Ce recours juridictionnel est une nouveauté dans le monde du renseignement.</p>
<h2>Les «&nbsp;boîtes noires&nbsp;»</h2>
<p>Une des dispositions les plus contestées de ce projet de loi prévoit de pouvoir contraindre les fournisseurs daccès à Internet (FAI) à «&nbsp;<em>détecter une menace terroriste sur la base dun traitement automatisé&nbsp;». </em>Ce dispositif &nbsp;autorisé par le premier ministre par tranche de quatre mois&nbsp; permettrait de détecter, en temps réel ou quasi réel, les personnes ayant une activité en ligne typique de «&nbsp;schémas&nbsp;» utilisés par les terroristes pour transmettre des informations.</p>
<p>En pratique, les services de renseignement pourraient installer chez les FAI une «&nbsp;boîte noire&nbsp;» surveillant le trafic. Le contenu des communications qui resterait «&nbsp;anonyme&nbsp;» ne serait pas surveillé, mais uniquement les métadonnées&nbsp;: origine ou destinataire dun message, adresse IP dun site visité, durée de la conversation ou de la connexion… Ces données ne seraient pas conservées.</p>
<p>La Commission nationale informatique et libertés<strong> </strong>(CNIL), qui critique fortement cette disposition. La CNIL soulève notamment que lanonymat de ces données est très relatif, puisquil peut être levé.</p>
<p>Lire aussi&nbsp;: <a href="http://fakehost/pixels/article/2015/03/18/les-critiques-de-la-cnil-contre-le-projet-de-loi-sur-le-renseignement_4595839_4408996.html">Les critiques de la CNIL contre le projet de loi sur le renseignement</a> </p>
<p>Le dispositif introduit une forme de «&nbsp;pêche au chalut&nbsp;» &nbsp;un brassage très large des données des Français à la recherche de quelques individus. Le gouvernement se défend de toute similarité avec les dispositifs mis en place par la NSA américaine, arguant notamment que les données ne seront pas conservées et que cette activité sera contrôlée par une toute nouvelle commission aux moyens largement renforcés. Il sagit cependant dun dispositif très large, puisquil concernera tous les fournisseurs daccès à Internet, et donc tous les internautes français.</p>
<h2>Lélargissement de la surveillance électronique pour détecter les «&nbsp;futurs&nbsp;» terroristes</h2>
<p>La surveillance des métadonnées sera aussi utilisée pour tenter de détecter de nouveaux profils de terroristes potentiels, prévoit le projet de loi. Le gouvernement considère quil sagit dune manière efficace de détecter les profils qui passent aujourdhui <em>«&nbsp;entre les mailles du filet&nbsp;»</em>, par exemple des personnes parties en Syrie ou en Irak sans quaucune activité suspecte nait été décelée avant leur départ.</p>
<p>Pour repérer ces personnes, la loi permettra détendre la surveillance électronique à toutes les personnes en contact avec des personnes déjà suspectées. En analysant leurs contacts, la fréquence de ces derniers et les modes de communication, les services de renseignement espèrent pouvoir détecter ces nouveaux profils en amont.</p>
<h2>De nouveaux outils et méthodes de collecte</h2>
<p>Les services pourront également procéder, après un avis de la CNCTR, à la pose de micros dans une pièce ou de mouchards sur un objet (voiture par exemple), ou à lintérieur dun ordinateur. Lutilisation des IMSI-catchers (fausses antennes qui permettent dintercepter des conversations téléphoniques) est également légalisée, pour les services de renseignement, dans certains cas. Le nombre maximal de ces appareils sera fixé par arrêté du premier ministre après lavis de la CNCTR.</p>
<p><strong>Lire&nbsp;: <a href="http://fakehost/pixels/article/2015/03/31/que-sont-les-imsi-catchers-ces-valises-qui-espionnent-les-telephones-portables_4605827_4408996.html">Que sont les IMSI-catchers, ces valises qui espionnent les téléphones portables&nbsp;?</a></strong></p>
<p>La loi introduit également des mesures de surveillance internationale&nbsp;: concrètement, les procédures de contrôle seront allégées lorsquun des «&nbsp;bouts&nbsp;» de la communication sera situé à létranger (concrètement, un Français qui parle avec un individu situé à létranger). Cependant, comme la souligné lArcep (lAutorité de régulation des communications électroniques et des postes), sollicitée pour le versant technique de cette mesure, il est parfois difficile de sassurer quune communication, même passant par létranger, ne concerne pas deux Français.</p>
<h2>Un nouveau fichier</h2>
<p>La loi crée un fichier judiciaire national automatisé des auteurs dinfractions terroristes (Fijait), dont les données pourront être conservées pendant vingt ans.</p>
<p>Ce fichier concerne les personnes ayant été condamnées, même si une procédure dappel est en cours. Les mineurs pourront aussi être inscrits dans ce fichier et leurs données conservées jusquà dix ans. Linscription ne sera pas automatique et se fera sur décision judiciaire. Certaines mises en examen pourront aussi apparaître sur ce fichier. En cas de non-lieu, relaxe, acquittement, amnistie ou réhabilitation, ces informations seront effacées.</p>
<h2>Renseignement pénitentiaire</h2>
<p>Le renseignement pénitentiaire pourra, dans des conditions qui seront fixées par décret, profiter des techniques que légalise le projet de loi pour les services de renseignement. La ministre de la justice, Christiane Taubira, était défavorable à cette disposition, soutenue par le rapporteur du texte, la droite et une partie des députés de gauche. Pour la ministre, cette innovation va dénaturer le renseignement pénitentiaire et le transformer en véritable service de renseignement.</p>
<h2>Conservation des données</h2>
<p>La CNIL <a href="http://www.cnil.fr/fileadmin/documents/La_CNIL/actualite/Les_propositions_de_la_CNIL_sur_les_evolutions_de_la_loi_Informatique_et_Libertes.pdf">a fait part à plusieurs reprises de sa volonté</a> dexercer sa mission de contrôle sur les fichiers liés au renseignement, qui seront alimentés par ces collectes. Ces fichiers sont aujourdhui exclus du périmètre daction de la CNIL.</p>
<p>La durée de conservation des données collectées &nbsp;et ladaptation de cette durée à la technique employée&nbsp; a par ailleurs été inscrite dans la loi, contrairement au projet initial du gouvernement qui entendait fixer ces limites par décret. Elle pourra aller jusquà cinq ans dans le cas des données de connexion.</p>
<h2>Un dispositif pour les lanceurs dalerte</h2>
<p>La loi prévoit également une forme de protection pour les agents qui seraient témoins de surveillance illégale. Ces lanceurs dalerte pourraient solliciter la CNCTR, voire le premier ministre, et leur fournir toutes les pièces utiles. La CNCTR pourra ensuite aviser le procureur de la République et solliciter la Commission consultative du secret de la défense nationale afin que cette dernière <em>«&nbsp;donne au premier ministre son avis sur la possibilité de déclassifier tout ou partie de ces éléments&nbsp;»</em>. Aucune mesure de rétorsion ne pourra viser lagent qui aurait dénoncé des actes potentiellement illégaux.</p>
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